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samedi 4 octobre 2008

700 milliards en liquide-napping (1) : légende urbaine de la rue Saint-Louis à Rennes

affiche d'un concert au Mondo bizarro
Extraits de l’agenda de Francis Carcopino, homme d’affaires et collectionneur, trouvé sur le trottoir de la rue Saint-Louis à Rennes par un certain F.F. :

« Mercredi 24 septembre. 12 h.

Martine Vingt-Trois n’est pas venue au travail ce matin. Elle n’a pas appelé comme elle le fait souvent pour annoncer que son chien est malade ou que sa nièce s’est cassé la cheville et le bras, qu’elle est dans le plâtre pour six semaines, qu’elle a besoin de quelqu’un en fauteuil roulant pour lui couper sa viande et que donc elle, Martine, soignera sa nièce et le chien et donc ne viendra pas bosser pendant deux jours. Elle est comme ça. Comme c’est une secrétaire qui a horreur de répondre au téléphone, on ne voit pas trop la différence, ici. N’empêche, c’est bizarre.

Jeudi 25 septembre. 16 h.

Le conservateur du Musée des Beaux-Arts de Rennes n’a toujours pas répondu au courrier que je lui ai envoyé il y a quinze jours à propos du tableau d’Isaure Chassériau qu’il nous avait « prêté ». Mais où va-t-on, je vous le demande, si les conservateurs de musées eux-mêmes transforment leurs tableaux historiques en cadeaux marketing pour piéger les collectionneurs milliardaires ! Ce portrait d’une « webjournaliste du XIXe siècle » a vraiment le don de m’insupporter. Dire qu’il va falloir que je rachète ce truc !

Vendredi 26 septembre. 17 h.

Pas touché à mes boîtes de cigares cette fin de semaine ! Ce bureau ovale est d’un triste sans Martine ! Il a dit quoi, l’autre imbécile de poète, là ? « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Comment c’était, lui, déjà ? Lamartine 8 ? La Martine 23 n’a toujours pas donné signe de vie. Heureusement que la semaine se termine et que je vais à Mon match de football demain. Ca va me changer les idées.

700 milliards en liquide-napping (2) : légende urbaine de la rue Saint-Louis à Rennes

Isaure reporter
Lundi 29 septembre. 8 h.

On a gagné ! Mon équipe de football, Celle que je possède et qui est à Moi, a gagné son match ! Ca ne se lit pas forcément, à la sortie, sur les visages des supporters mais il ne faut pas oublier que la Bretagne est une réserve naturelle de citoyens dont le caractère naturel est la réserve : « Je reste sur ma réserve, tu réserves tes restes, il conserve sa sardignité en toutes circonstances, Nous pâtéhénaffons mais pas trop, ralentir, cholestérol, vous avez le devoir de réserve, ils ont pas réservé ? Alors ça c’est complet ! Comme la galette ! Ils en ont au moins ?»

Même jour 9 h.

Mon enthousiasme n’a pas fait long feu ! En arrivant au siège de la société, je constate l’affolement général de mes employés : on a été victimes d’un casse ! Je ne m’affole pas car c’est particulièrement idiot de cambrioler le week-end. Ces deux jours-là, les caisses de mon entreprise sont aussi vides que celles de l’Etat.

Même jour 10 h 30

On n’a rien dérangé à priori, rien cassé, rien volé sauf qu’en entrant dans le bureau de Martine V. je découvre le pot-aux-roses. La fille en rose a disparu, mais disparu de chez Disparu : le tableau entier été décroché du mur. Et merde ! Pas question d’alerter les flics. Il faut que je règle ça tout seul. J’appelle madame Bellazzi, la secrétaire du service « contentieux et mercato ». Elle va encore me raconter ses problèmes de santé ou ses relations compliquées avec ses trois précédents maris, tous Asiatiques, mais il n’y a qu’elle qui peut me dépanner. Son réseau de relations est plus important encore que le mien.

Même jour 15 h.

Le détective privé s’appelle Florent Fouillemerde. Il habite 62 rue du Pas-de-Calais dans le quartier de Villejean. Mme Bellazi a pris un rendez-vous pour moi en donnant un faux nom. Je m’appelle Jmechov et je suis marchand de bois et charbons ! N’importe quoi ! A l’ère du nucléaire ! Le privé a l’air éteint jusqu’au moment où je lui décris le tableau disparu, la fille en rose avec des couettes et l’air nunuche.
- Ah non ! Pas encore Isaure Chassériau ! On m’a fait le coup en 1999 ! s’écrie-t-il, ce con !
Je lui sifflerais bien un penalty, à celui-là ! Je sors en ayant fait chou blanc. Ce barjot a refusé d’enquêter sur la disparition du tableau malgré le nombre affolant de zéros qui figurait sur mon chèque. Où va-t-on si la police a des scrupules, ou pire, des goûts en matière de peinture !

Mardi 30 septembre 9 h.

J’ai l’impression d’être suivi partout où je vais. Je ne vais tout de même pas demander à mon chauffeur de faire des pointes de vitesse sur la rocade pour semer l’Ami 6 Citroën qui nous file le train vu qu’ils ont mis des radars partout mais ça m’intrigue bien quand même. C’est comme mon chauffeur avec le gilet jaune fluo qu’il enfile maintenant pour conduire et le triangle rouge qu’il a déposé bien en évidence sur le tableau de bord. Il appartient à une secte ou quoi ?

Même jour 11 h.

700 milliards de dollars en liquide ! Qu’est-ce que c’est que ce plan à la con ? Où je vais dénicher une rançon pareille, moi ? Et pour récupérer une croûte qui ne m’appartient même pas ? Et qu’est-ce que c’est que ces Charlots ? Ils se présentent comme le « Front de libération des Prairies Saint-Martin canal historique », ils disent détenir Isaure Chassériau, « la célèbre journaliste » et réclament pour sa libération, en plus du pactole, un emplacement à la braderie de l’année prochaine pour que le groupe rock « Galeries Lafaillite » puisse venir y chanter du blues en blouse ! J’ai raccroché. Je n’aime pas les nases.

Même jour 11 h 30

Un type appelle pour me vendre une œuvre d’art contemporaine. C’est une installation à base de trois cocottes-minutes posées devant un paysage angoissant. Il appelle ça « une journée sous pression ». S’il savait comme ça correspond bien à ma situation ! J’ai pris rendez-vous avec lui pour cet après-midi, rue Saint-Louis. J’espère que ce gland n’en demandera pas 700 milliards ! C’est un chiffre qui a l’air de plaire en ce moment ! »

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700 milliards en liquide-napping (3) : légende urbaine de la rue Saint-Louis à Rennes

fille en robe rouge rue Saint-Louis
- Mais pourquoi le suiviez-vous dans votre Ami 6 pourrie ?
- Je voulais un autographe. Je les collectionne. Et puis ce monsieur Jmechov, commissaire, j’avais l’impression de l’avoir déjà vu quelque part.
- Je ne vous comprends pas, monsieur Fouillemerde ! Vous demandez un autographe à des gens que vous ne connaissez pas ?
- Mais je ne demande qu’à connaître ! Je fais dans la graphologie aussi. J’aurais pu voir s’il allait devenir célèbre !
- La barmaid du restaurant « chez P’tit Louis » vous a vu rôder autour des voitures en stationnement et prendre des photos.
- La fille en robe rouge ? Elle doit se tromper. Je n’ai même pas de téléphone portable pour photographier ! Ni la télé. C’est ma mère qui enregistre mes émissions préférées sur des cassettes VHS.
- Et vous n’avez rien vu d’autre dans le secteur qui ait pu vous paraître bizarre ? Réfléchissez, monsieur Fouillemerde. C’est un milliardaire qui a été enlevé. Il va y avoir une demande de rançon et une récompense pour qui fournira des indications précieuses à la police.
- Jmechov ? Un milliardaire ? Il n’en avait pas l’air quand il est venu me voir pour que je file sa femme !
- Il ne s’appelait pas Jmechov, mais Francis Carcopino !
- Comme le poète ?
- Le poète ?
- Francis Carco ! Son vrai nom, c’est Francis Carcopino !
- Parce que vous vous intéressez à la poésie, en plus ? Bon, Pinault, c’est simple, rendez- lui ses lacets, son mouchoir, son portefeuille et son lecteur MP3. Qu’il dégage ! Je l’ai assez vu, ce gazier !

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700 milliards en liquide-napping (4) : légende urbaine de la rue Saint-Louis à Rennes

4L avec taches de vache et Val et Cie
Sur le trottoir du boulevard de la Tour d’Auvergne, Florent Fouillemerde s’ébroue après la nuit passée en garde à vue. Aurait-il dû tout déballer au flic ? Ou bien est-ce une folie que de vouloir continuer l’enquête tout seul ? Qu’est-ce qu’elle vaut la piste de la Renault 4L peinte en blanc avec des taches noires et stationnée devant la librairie planète Io ? Une idée de génisse que ce camouflage parfait ! Ces vaches de poulets n’y auraient rien compris. C’est pourtant dans ce véhicule que les trois femmes encagoulées ont fait monter Jmechov-Carcopino. Placé dans l’encoignure du bar de la Cité, Fouillemerde a eu le temps de voir une grande malle en osier à l’arrière de la voiture. Et sur la photo numérique on lit très bien le nom de la bande : « Val et Cie » et l’immatriculation de la voiture « 168 TTC 59 ».

Il remonte son col, enfonce les deux écouteurs dans ses oreilles et met en route le MP3. C’est Paul McCartney et il chante « Mamunia » extrait de l’album « Band on the run ».

- Mamounia ! Mamounia ! Mamounia ! Wohoho !

N.B. Les photos ont été prises rue Saint-Louis à Rennes le 30 août 2008. La voiture a été photographiée dans la même rue le 27 septembre 2008. Une autre écrivante des Défis du samedi a été chargée d'écrire la suite de cette "histoire inextricable" ! Elle s'en est merveilleusement tirée, Miss Tilleul ! Jugez-en par vous-même en cliquant ici