jeudi 29 septembre 2011

Dans les vitrines de Rennes le 17 septembre 2011 (4)

L’HOMME SILENCIEUX

Il se vante, l’excellent pote,
D’être jour et nuit sur le pont
Mais je note
Qu’il pivote ou se voûte
Quand le vent est trop fort.

Ceux qui l’ont planté là,
Sachant son peu de vanité,
L’ont vêtu chez ma tante
D’habits peu à sa taille,
D’un pantalon vanille, d’une chemise vert olive
Et d’un chapeau de paille d’Italie
Pour qu’il biche et se pavane
Dans l’allée sous la pluie.

Les vilenies du temps
Et celles des vivants
Ne peuvent le toucher
Tant ce plan innovant
Le séduit.

Et de le voir si laid
Au milieu des navets
La gent pépiante s’épouvante :
Les volatiles s’envolent
Et vont pousser ailleurs
Leur litanie de coups de becs.

D’avoir été utile,
D’avoir nui aux nuées ailées,
Cette plaie des semailles,
Il en sourit
L’épouvantail.

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Dans ce poème ont été insérés à peu près quarante mots composés avec les lettres du mot épouvantail. Après Francis Ponge et son parti pris des choses, voici, sans fausse modestie aucune, Joe Krapov et son parti pris des mots !

vendredi 5 mars 2010

Lettre à la Lune. 1, Coucher de soleil à la plage de Sorlock près de Quimiac (Loire-Atlantique)

coucher de soleil à Sorlock
LETTRE A LA LUNE

Chère dame de la Nuit

La lumière dorée du crépuscule ami s’éteint tout doucement. Sur le sofa bancal qu’a chauffé le soleil la chatte, lasse après tant de facéties, dort. Elle si vivante encore il y a quelques instants s’est posée là sereine et pour peu que la main approche son pelage, sa mémoire des hommes en sera réveillée, elle ronronnera. Tout à l’heure dans le ciel on ne verra que toi car les nuages ont fui au-delà de la mer. Il faudrait profiter de cet entre-deux mondes pour retrouver le temps d’écrire poésie. Mais les radios du port hurlent du rap sonore et m’empêchent de pondre une aubade à la lune.

Lettre à la Lune. 2, Le port de La Turballe le 11 août 2007

mouettes la nuit
Badauds, badauds, vous adorez
Claquer un sol contre un demi
Quand vient avec agilité
Le soir apportant la fraîcheur.

Les radeaux sont mis à l’arrêt
Les Falbalas sont reparties
Et vous restez là, solitaires,
Car cela n’est pas très facile
De lutter contre la famille
Qui rappelle toujours ses filles
Pour le diner au domicile.

A la terrasse du café
Tout est grillé, la peau, les clopes.
C’est dur de jouer l’aventurier
Si on ne vide pas l’infâme cendrier
Et s’il n’y a plus de Cyclope.

Tant d’eau a coulé sous les ponts
Depuis Ulysse-Tartempion !
Le ciel ce soir est décoré.
Pour un peu Quatorze-Juillet
Viendrait rallumer ses lampions !

Lettre à la Lune. 3, Le port de La Turballe le 5 août 2007

La Turballe night
Sur l’étale toile cirée
De la mer d’huile où tout s'arrête
Le solécisme des marées
Danse le fado portugais
Qu’il a appris des Lisboètes.

C’est une danse lente , lente
Et la musique est lancinante.
Les paroles sont un rébus :
Les lèvres bientôt se sont tues
Qu’on a connues moins balbutiantes.

Lorsque l’orange vire au bleu
On dit « Tintin, la bagatelle ! ».
Et puis, les yeux fardés, fort belles,
S’en reviennent les demoiselles
Qui ont su échapper aux vieux.

Alors l’indicible commence
Et l’on sussure sa romance
Au creux de l’oreille attentive.

Dans le ciel paraît la brillance
D’une lune pleine et lascive.

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