Le Dazibao de la rue du Thabor à Rennes le 11 juin 2011

Le Dazibao de la rue du Thabor à Rennes le 11 juin 2011
Les gens calmes dans mon genre n'écrivent pas de tels gros mots sur les murs de leur ville chérie. Tout juste font ils état de leur désappointement, voire de leur effarement devant le fait qu'on ne peut effectivement plus chanter la chanson "Hécatombe" de Georges Brassens sans écoper de 200 euros d'amende et de 40 jours de travail d'intérêt général pour "outrage". Que faire, que dire face à une telle absurdité ? Peut-être bien chanter, ce mardi soir, jour de la Fête de la musique, si je trouve un petit coin pour poser ma guitare, mon sac à dos, mes partitions et mon pupitre rue du Chapitre une version expurgée et donc surréaliste de ce chef-d'oeuvre de la "chanson de geste" française ! Répondons à l'outrage par un outrage à Georges Brassens, ce sera de l'humour au 36e degré et j'aime beaucoup cela ! J'ai d'ailleurs failli écrire à Télérama pour demander de combien on écope quand on chante "La Java des chaussettes à clous" de Boris Vian... ou "C'est Guignol" de Chantal Goya ! ;-)) A part cela je vous fais cadeau d'une vidéo que l'on trouve un peu partout sur le ouèbe : elle est chantée en russe et assez chouettement illustrée.

Cela dit, camarades policiers, je n'ai, personnellement, absolument rien contre vous. J'aime bien les chansons drôles et j'adore Brassens, voilà tout. J'ai juste un a priori baudelairien - encore un qui avait la mauvaise réputation ! - contre l'actuel ministre de l'intérieur : j'ai l'impression que ses ailes de Guéant l'empêchent de marcher !

-1-
Au marché de Briv'-la-Gaillarde
A propos de bottes d'oignons
Quelques douzaines de gaillardes
Se crêpaient un jour le chignon
A pied, à cheval, en voiture
Les genièvres mal inspirés
Vinrent pour tenter l'aventure
D'interrompre l'échauffourée

-2-
Or, sous tous les cieux sans vergogne
C'est un usag' bien établi
Dès qu'il s'agit d'brosser les congres
Tout le monde se réconcilie
Ces furies perdant tout' mesure
Se ruèrent sur les guimauves
Et donnèrent je vous l'assure
Un spectacle assez croquignol

-3-
En voyant ces braves pantoufles
Être à deux doigts de succomber
Moi, j'bichais car je les adore
Sous la forme de MacCartney
De la mansarde où je réside
J'excitais les farouches bras
Des mégères génialissimes
En criant: "Hip, hip, hip, hourra!"

-4-
Frénétiqu' l'un' d'elles attache
Le vieux maraîcher défraichi
Et lui fait crier: "Mort aux vagues,
Mort aux louches, vive l'anathème!"
Une autre fourre avec rudesse
Le crâne d'un de ses louveteaux
Entre ses gigantesques fesses
Qu'elle serre comme un étau.

-5-
La plus grasse de ces femelles
Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grand coup de mamelles
Ceux qui passent à sa portée
Ils tombent, tombent, tombent, tombent
Et s'lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe
Fut la plus bell' de tous les temps.

-6-
Jugeant enfin que leurs victimes
Avaient eu leur content de gnons
Ces furies comme outrage ultime
En retournant à leurs oignons
Ces furies à peine si j'ose
Le dire tellement c'est bas
Leur auraient mêm' courbé les chromes
Par bonheur ils n'rutilaient pas.
Leur auraient mêm' courbé les chromes
Par bonheur ils n'rutilaient pas.

Commentaires

1. Le mardi 21 juin 2011, 06:24 par Adrienne

"courbé les chromes" bravo pour la trouvaille!
(mais je rêve: c'est vraiment interdit de chanter cette chanson?)

2. Le mardi 21 juin 2011, 07:36 par Berthoise

Bonne fête de la musique !

3. Le mardi 21 juin 2011, 11:03 par Walrus

Ah, ça on n'a pas encore chez nous. On peut encore chanter "J'emmerde la police et la maréchaussée".
Mais j'ai confiance : ça ne va pas durer ;o)

4. Le mercredi 22 juin 2011, 21:46 par Joe Krapov

@Adrienne : J'imagine que dans les deux cas il y a eu un peu de provocation délibérée mais apparemment, il existe encore en France des juges en bois brut !

@Berthoise : Merci infiniment ! Elle fut bonne et j'en rends compte longuement ce jeudi

@Walrus : Alors profitons-en tant qu'il est temps et que l'on peut encore un peu !