Une rupture (Paroles plurielles 60)

travaillépluche pour gagnépluche
Quelque part j'ai envie de dire que ce n'est pas très nouveau. Il faudrait être handicapé mental pour ne pas asséner pareilles frappes chirurgicales dans cette fourmilière sclérosée. 140, ça paraît bien. Ca entre tout à fait dans mon projet professionnel. Au niveau du vécu, avec mon prédécesseur qui a échappé à l'espace carcéral, ça devrait le faire. Pas de souci. C'est le moment, c'est l'instant pour bouger les lignes.

Par contre il ne faut pas que ce soit récurrent. Il y aurait alors, effectivement, un danger de clivage. Donc 172, c'est sûr, y'a pas photo, ce ne serait que du bonheur, du bonus plein le double dévédé, du super-cadeau dans le paquet de Bonux. De toute façon, il faut bien ça pour me remettre en selle. Intrinsèquement je sens bien que j'ai besoin de salons de massage, de plaisir et de rapports intimes plutôt que, disons le clairement pour mieux en rire, d'exclusion et de handicap économique.

Bon, allez, assez tergiversé. Point barre. Trop c'est trop ! Je me lance.

- Mesdames et messieurs les membres du Conseil d'administration, je vous demande de bien vouloir m'accorder une augmentation de salaire de 172%. Qui est contre ?
- ...
- Qui s'abstient ?
Une toute petite voix s'élève alors.
- Euh. Oui mais non.
- Oui, Lefrançois ?
- C'est-à dire qu'avec la conjoncture on se perd en conjectures sur la façon de faire la jointure avec nos joints ventures, alors si d'aventure la menace de faillite liée à la crise des subprimes.
- Je ne connais de subprimes qu'à la vache haletante ! (à part : quel thon, celui-là !)
- Vous voulez dire allaitante, M. le Président ?
- C'est celààààà, oui.
Il regarde Mme Lorraine d'un mauvaise oil et pense : Quelle quiche, celle-ci !
- Pas d'autres commentaires ? Eh bien je vous remercie d'avoir pris sur vous pour voter cette décision difficile. Maintenant si vous voulez bien, nous allons aborder le point 2 de l'ordre du jour. Dugland, où en est-on de notre OPA sur Eurodisney ?

Le reste de la réunion est « off the record ».

Ecrit d’après la consigne n° 60 de paroles plurielles :
Il y a dans notre vocabulaire des mots que j'ai envie de qualifier de "mots tocs", de ces mots dont on truffe à tout bout de champ les conversations. En voici quelques-uns: tout-à-fait... quelque part... effectivement... pas de souci... que du bonheur... c'est trop... j'ai envie de dire... oui mais non... y pas photo..
Voici ce que je vous propose:
Vous écrivez un texte cohérent avec le plus possible de ces "mots tocs" dans l'ordre que vous jugerez bon. Le texte sera un monologue intérieur de quelqu'un qui doit prendre une décision, et qui ne parvient pas à se décider. Les mots s'intègreront de façon harmonieuse, donc pas artificielle, il ne faut pas qu'on "sente" que vous avez à tout prix voulu les mettre dans votre texte qui ne dépassera pas 2000signes, espaces compris.



L'image que j'ai adjointe à cette consigne doit déjà se trouver sur le blog avec la légende "travaillépluche pour gagnépluche".